De Terre, d'Air, d'Eau et de Feu ...
La Cathédrale d'Amiens
Il est des lieux qui défient le temps, tant par leur beauté que par leur présence. Il en est ainsi de la cathédrale d'Amiens. Simple lieu de culte pour les uns, lieu de mystères et d'étrangetés pour les autres, cette cathédrale ne nous laisse pas indifférent.
Limen Arcanum... Le Seuil Caché... Passer donc cette porte invisible aux yeux profanes et entrer donc. Vous voici prêt à faire une visite dans ce lieu magnifique qu'est la Cathédrale d'Amiens. Cette visite ne sera pas une visite ordinaire. Nous nous attacherons surtout au symbolisme du lieu, nous essaierons de décrypter les images qui ornent la pierre taillée. Cette visite nous emmènera bien vite sur les sentiers de la Tradition, et le Christ du portail central, foulant du pied la vouivre, le serpent tellurique, nous dira bien qu'en ce lieu, tout est maîtrisé.
La cathédrale est très riche en sculptures : où que l'on pose son regard, on entr'aperçoit une statue rigide dont le regard se pose dans le vide, un ange rieur, un griffon prêt à bondir sur le premier intrus qui pourrait passer par là, ou encore des feuilles, des arbres, des végétaux de toutes sortes, et même tout autour du triforium, tous les légumes que l'on cultivait à Amiens au Moyen Age.
Il faudra tout d'abord s'ôter de la tête que le sculpteur voulait "faire joli". Tout dans une cathédrale a sa raison d'être, et le hasard n'y a pas place (le hasard n'est-il pas le nom que nous donnons à notre ignorance ?)
De Terre et d'Air
Un livre de pierre
Les seules personnes qui savaient lire au Moyen Age étaient membres du clergé et encore ceux-ci ne savaient pas tous lire. La cathédrale est un livre de pierre : ainsi, pour transmettre un enseignement aux gens passait-on par l'image. Les principales scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que la vie de certains saints, s'y retrouvent sculptées dans la pierre. L'érudition biblique des Amiénois de l'époque, qui connaissaient le sens de toutes ces sculptures, ferait blêmir bon nombre d'entre nous.
La cathédrale est plus qu'un lieu de pierre : elle contient une forêt. Ces colonnes montent au ciel telles de grands arbres qui s'épanouissent au faîte et nous couvrent de leurs branchages. Au travers percent les rayons du soleil qui baignent le lieu de la lumière colorée des vitraux. Les stalles, taillées à même le bois et que les siècles n'ont pas usées, ornées de motifs végétaux nous plongent au coeur même de cette forêt.
Un doigt pointé vers le ciel
Au sommet d'un tertre, la cathédrale domine la ville. Sa flèche pointe les cieux, tel le gnomon, Digitus Dei, des cadrans solaires. La voûte devient alors ciel étoilé et se teinte des couleurs du jour : très sombre avec du bleu et du mauve au nord, elle irradie de jaune et d'orange pour enfin finir embrasée de rouge à l'ouest. Les vitraux aussi se lisent dans leurs couleurs telle l'Oeuvre des Philosophes : Oeuvre au noir, au blanc et au rouge.
L'Air est aussi défi pour l'esprit, mouvance des symbole qui virevoltent autour de nous. N'est-il pas étonnant d'y trouver la présence de nombreux signes plutôt païens : tout le bestiaire des animaux fabuleux, tels les dragons, vouivres, guerriers centaures, sirènes, ... s'y retrouvent. La cathédrale est un livre qui se lit à deux niveaux : le premier est exotérique, c'est à dire ce que tout le monde peut voir, ainsi le guerrier centaure des stalles. Le deuxième est ésotérique, c'est à dire caché aux yeux de ceux qui ne savent pas lire entre les lignes. Par exemple notre centaure peut se comprendre d'un point de vue symbolique : il est un hybride d'homme et d'animal, et en cela il représente l'homme face à ses instincts, ses pulsions animalières. Mais la partie humaine du centaure est son torse et sa tête, ce qui signifie que l'homme peut être le maître de ses instincts, il peut sublimer sa nature animale tout en conservant ce que l'animal peut lui apporter. N'oublions pas que le plus connu des centaures est Chiron, et qu'il était réputé dans les légendes antiques pour sa grande sagesse. Transcendez le centaure qui est en vous, prenez le mors aux dents, bridez le cheval fou, vous en garderez toute sa sagesse.
Ainsi tout se recoupe et il serait vain de chercher à comprendre le langage des anciens, cette langue aérienne des oiseaux, sans en avoir toutes les clefs.
D'Eau et de Feu
Courants souterrains
Les voûtes de la nef rappellent la carène du bateau. C'est une invitation au voyage. Amiens est une ville d'eau : de nombreux canaux la parcourent, et la cathédrale a ses soubassements très humides. Les forces hydro-telluriques y sont puissantes. On peut y trouver un ancien puits, bouché par une dalle avec un anneau, qui dérègle les montres.
Le feu dans le verre
Et le Feu direz-vous ? Le Feu est dans verre des vitraux, dans le génie des Maîtres d'Oeuvre qui élevèrent cet édifice. La cathédrale est un espace sacré, fait pour l'homme. Ainsi, par opposition aux temples grecs ou égyptiens, il est construit pour l'homme et l'homme y est inscrit. On se sent bien en ce lieu, on ne se sent pas écraser ni par sa taille, ni par sa force, on s'y coule.
Le Feu n'est-il pas tout simplement la passion qui anime votre humble serviteur dans son désir de partager avec vous le peu qu'il connaît de ce lieu, tant le travail de déchiffrage est long, laborieux, mais si formidable.
Le mot de la fin : n'hésitez pas à me contacter :
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Ou bien en passant sur le blog (qui ne parle pas que de symbolisme) : https://limen-arcanum.fr